Bienvenue pour ce nouvel article de la rédaction de Genius Transition. Nous continuons aujourd’hui notre tour d’horizon des professionnels en quête de sens. Car c’est bien là notre raison d’être chez Genius. Aider des personnes talentueuses à (re-)donner du sens à leur engagement professionnel et personnel.
C’est pourquoi nous ouvrons cette question ici : peut-on prendre des responsabilités et être heureux à la fois?
Il existe de nombreuses typologies sur les motivations qui nous animent.
L'une d'entre elles est née au début du 20è siècle, avec le philosophe allemand Eduard Spranger (1882 - 1963). Il avait émis l'hypothèse que nous sommes chacun.e traversés par des "forces motrices". Ces "forces motrices" ont pour caractéristique de nous pousser à l'action, c'est à dire que ce sont des motivations. Il avait ainsi mis à jour un certain nombre de "quêtes" pour décrire nos motivations individuelles.
Dans son ouvrage "Types of Men" (1928), il en avait identifié 6 :
Ainsi, selon les forces motrices les plus actives en soi, les raisons pour prendre des responsabilités ne seront pas les mêmes. Par conséquent, les risques associés ne seront pas les mêmes pour chacun.e. Et donc les conditions pour trouver son bonheur au travail différeront.
Quand les cadres parlent de leur parcours, il y a souvent deux sons de cloche. Les "leaders-nés" qui aspirent depuis toujours à encadrer et diriger. Et les leaders "malgré eux" qui sont parfois bien embarrassés d’être montés dans la hiérarchie. Mais dans les deux cas, la question du bien-être au travail les concernera.
Car le volume de travail aura toujours un impact sur l’énergie et la santé, qu’il s’agisse ou non d’une vocation ou d’une passion pour le leadership.
C’est certainement le profil qui a besoin de faire davantage attention à son bien-être au travail. Les personnes qui exercent un métier passion sont souvent des workaholics (travaillomanes en français), autrement dit des addicts au travail. Pour la simple et bonne raison qu’elles risquent de dépenser leur énergie sans compter, avec un moteur aussi puissant que la passion.
Pendant de nombreuses années, voire toute une vie, cela peut très bien se passer et ne poser aucun problème. Car l'énergie insufflée se trouve nourrie par les résultats, la reconnaissance qu'ils ont pour leurs résultats...
Mais, de plus en plus fréquemment à notre époque, des cadres talentueux brûlent une immense quantité d’énergie vitale, qu'ils ne réussissent pas à récupérer en retour. Souvent, il y a une question de sens, de non-compréhension des nouvelles directions de l'entreprise, de non-reconnaissance ou de changement de hiérarchie qui tout à coup vient modifier en profondeur le rapport au travail du/ de la cadre considéré.e...
De même que les calories sont consommées par le corps, la passion peut alors être consumée par le travail.
Si vous êtes dans ce cas où vous commencez à vous sentir en "bout de course", le "cloisonnement" peut être une bonne protection. Même si vous êtes multitâche et fier.e de l’être.
Testez par exemple le fait de prendre le temps de faire certaines choses en mode monotâche. Comme un moment pris pour boire un café. A quand remonte la dernière fois où vous avez savouré la délicieuse pointe d’acidité et d’amertume d’un café ristretto ou allongé? Et ce, sans avoir les yeux rivés sur un écran ... ?
Car le risque, si l'on ne s'écoute pas, est bien l’augmentation inconsidérée de la charge mentale. Et une façon efficace de "nettoyer" cette charge est d’être présent à soi pendant des tâches simples et ressourçantes.
Vous pouvez faire la liste maintenant des petites choses qui vous font du bien dans la journée et vous engager pendant une semaine à être en mode "mono-tâche" à ces moments précis.
N’attendez pas qu’un burn-out se produise pour prendre soin de votre énergie physique. Car vous exercez un métier relationnel et humain.
Si vous connaissez des personnes qui ont ce profil, ou que vous vous y reconnaissez, cette partie de notre article peut s’avérer intéressante.
En effet, nombreux sont les cadres à qui une responsabilité a été confiée sans que cela corresponde à une trajectoire désirée initialement. Peuvent venir alors plusieurs conflits intérieurs au sein de la personne. L’inquiétude d’être légitime, se sentir jalousé.e, craindre de manquer de repères ... voire de leadership. Ils seront probablement confrontés au complexe de l'imposteur.
Ce profil de cadre peut rapidement se retrouver en sur-régime si ces conflits intérieurs ne sont pas rapidement traités. Le risque est que ce leadership se transforme en relation toxique avec les collaborateurs/trices. Où la faible estime de soi est compensée par une certaine rigidité, une incapacité à écouter, voire à se remettre en question.
Là, difficile pour nous de vous donner des conseils, car il est peu probable que vous lisiez cet article si vous êtes dans ce cas.
Ce profil "toxique" ainsi écarté de notre écosystème, nous pouvons poursuivre notre chemin.
Certain.e.s sont tellement efficaces sur le terrain qu’ils/elles ont été invité.e.s à élargir la voilure de leur navire.
Mais en réalité, le contact direct avec la clientèle, avec les partenaires ... peuvent leur manquer. Le salaire a augmenté, les responsabilités avec ... mais ce n’est pas suffisant pour répondre au besoin d’interactions ou de sens que leur procurait leur métier précédent. On dit bien qu'un bon expert ne sera pas forcément un bon manager.
Alors, il est peut-être dans ce cas nécessaire de faire le point de ce qui vous rend heureux, réellement. Et revenir à vos forces motrices principales, décrites ci-dessus : qu'est-ce qui vous nourrit le plus dans votre vie professionnelle ?
Si un sentiment de mal-être persiste après cette analyse et le repositionnement qui suit, il sera judicieux de proposer à votre hiérarchie de redéfinir les contours de votre emploi.
Au-delà de ces questions sur ce qui vous motive, il vous faudra peut-être vous connecter à votre boussole.
Chercher, débusquer, fouiller comme un archéologue passionné les traces, les bribes d’un trésor enfoui sous le sable des préoccupations. Chercher votre raison d’être professionnelle. Cet axe qui permet à vos actions et vos projets de faire sens.
Quelles sont vos valeurs, quelles sont les idées ou concepts qui vous mettent en mouvement ? Quelles sont les réalisations professionnelles dont vous voulez être fiers, et parler plus tard à vos enfants et même petits enfants, si vous en avez ?
Une personne qui est cadre et qui nourrit encore des regrets a besoin de définir sa raison d’être comme un dessinateur taille son crayon avant de faire un croquis.
Comme pour toute mission dans laquelle vous souhaitez vous épanouir, il est important que vous soyez au clair sur ce qui vous anime en profondeur. Cela vous indiquera ce qui vous rend heureux, jusqu'où vous pouvez aller dans votre implication, ce que vous êtes prêt.e à accepter - ou non.
Et, si l'on en croit Sigmund Freud, "Le bonheur est un rêve d'enfant réalisé à l'âge adulte", peut-être pouvez-vous vous autoriser à interroger votre enfant intérieur et lui demander ce qu'il/elle en pense...
Envie d'aller plus loin dans la réflexion sur votre prochaine étape professionnelle ? C'est par là.